admin – Regards sur le Monde http://courtofleaves.org Mon, 23 Jun 2025 06:35:28 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.8.1 http://courtofleaves.org/wp-content/uploads/2025/05/cropped-diversity_logo-32x32.png admin – Regards sur le Monde http://courtofleaves.org 32 32 Qui parle, qui décide ? Comment rendre visible la parole des femmes dans les médias et la recherche http://courtofleaves.org/qui-parle-qui-decide-comment-rendre-visible-la-parole-des-femmes-dans-les-medias-et-la-recherche/ http://courtofleaves.org/qui-parle-qui-decide-comment-rendre-visible-la-parole-des-femmes-dans-les-medias-et-la-recherche/#respond Fri, 20 Jun 2025 18:54:16 +0000 http://courtofleaves.org/qui-parle-qui-decide-comment-rendre-visible-la-parole-des-femmes-dans-les-medias-et-la-recherche/ Franchement, la question, elle pique. Qui est-ce qu’on entend vraiment dans les médias ? Qui est invité·e à donner son avis sur un plateau télé, cité·e dans un article ou interviewé·e dans une étude ? Si vous vous amusez à compter, comme l’ont fait plusieurs collectifs féministes ou observatoires des médias, la réponse est assez brutale : ce sont encore largement des hommes.

Et pas n’importe quels hommes : souvent blancs, souvent issus des mêmes grandes écoles, avec les mêmes lunettes rectangulaires et le même ton « je sais tout mieux que tout le monde ». Pendant ce temps-là, la parole des femmes – et surtout des femmes racisées, précaires, invisibles – elle galère à percer. C’est d’ailleurs pour ça que des ressources comme https://www.annuaire-au-feminin.net existent : pour mettre en avant des expertes, des chercheuses, des professionnelles qu’on oublie trop souvent. Oui, elles existent. Non, elles ne sont pas « introuvables ».

Des chiffres qui claquent… et qui font mal

Allez, un chiffre pour situer : en 2022, à la radio et à la télé, seuls 39 % des experts invités étaient des femmes. Et quand on regarde les « grands débats » ou les analyses politiques, on descend encore plus bas. En gros, quand il s’agit d’analyser la géopolitique, l’économie ou la science, on invite « les vrais », et ces « vrais », devinez quoi ? Ce sont rarement des femmes.

Perso, je me souviens d’un moment super révélateur : un débat sur France 5, autour du féminisme justement… avec cinq hommes autour de la table. Sérieusement ? Même quand on parle des femmes, on ne les invite pas ?

Pourquoi on n’entend pas (assez) les femmes ?

Il y a plein de raisons, et elles sont souvent liées entre elles. Déjà, les journalistes eux-mêmes vont chercher ce qu’ils connaissent. Ils ont leur petit carnet d’adresses, leurs « bons clients ». Résultat : les mêmes experts reviennent en boucle. Et si tu n’es pas dans ce cercle-là, bon courage pour t’y faire une place.

Ensuite, il y a l’autocensure. Beaucoup de femmes qu’on contacte pour intervenir déclinent. Pourquoi ? Parce qu’elles ne se sentent pas légitimes, ou qu’elles ont déjà vécu des moments pourris à l’antenne. Des interruptions, du mansplaining, voire des insultes sur les réseaux après coup. Tu parles d’un cadeau.

Et puis il y a la question du temps. Le temps de préparer une interview, de poser ses idées, de s’exposer aussi. C’est pas évident quand tu bosses à temps plein, que tu élèves des enfants ou que tu dois déjà prouver mille fois ta compétence dans ton job.

La recherche, même combat ?

Eh oui. Dans la recherche aussi, la parole des femmes est moins visible. Moins de femmes invitées dans les colloques, moins de publications signées par elles, et encore moins citées dans les bibliographies. C’est un peu le serpent qui se mord la queue : si tu n’es pas citée, tu restes invisible. Et si tu es invisible, on ne pense pas à toi pour les projets ou les panels.

Je me rappelle d’une chercheuse en sociologie, brillante, qui m’avait dit un jour : « J’ai passé mon début de carrière à faire tourner les colloques sans jamais être dans le programme. » Tout était dit.

Qu’est-ce qu’on peut faire, concrètement ?

Bon, râler c’est bien, agir c’est mieux. Alors voilà quelques pistes, simples mais efficaces :

  • Élargir son réseau : journalistes, cherchez activement des expertes en dehors de votre cercle habituel. Les annuaires féminins sont là pour ça.
  • Former à la prise de parole : proposer des formations, du coaching média, du soutien. Tout le monde n’est pas à l’aise face à un micro ou une caméra, et c’est OK.
  • Rendre compte publiquement : pourquoi pas afficher la parité dans les panels, les colloques, les émissions ? Un petit « compteur » visible, ça force à réfléchir.
  • Créer ses propres espaces : podcasts, blogs, chaînes YouTube portés par des femmes expertes, militantes, chercheuses… et qui ne s’excusent pas d’exister.

Et toi, tu tends l’oreille à qui ?

Parce qu’au fond, la question, elle est aussi là : à qui tu donnes de l’attention ? Qui tu lis, qui tu cites, qui tu likes ? Est-ce que tu fais l’effort, même petit, de diversifier les voix que tu écoutes ?

Moi, j’essaie. Parfois je me plante, je retombe sur les mêmes têtes. Mais j’apprends. Et surtout, j’essaie de ne plus confondre visibilité et légitimité. Parce que franchement, ce n’est pas parce qu’on n’entend pas une voix qu’elle n’a rien à dire.

Alors la prochaine fois que tu entends un « il n’y a pas de femmes expertes dans ce domaine », pense juste à cette phrase : cherche mieux.

]]>
http://courtofleaves.org/qui-parle-qui-decide-comment-rendre-visible-la-parole-des-femmes-dans-les-medias-et-la-recherche/feed/ 0
“Méritocratie” : un mythe utile pour qui, exactement ? http://courtofleaves.org/meritocratie-un-mythe-utile-pour-qui-exactement/ http://courtofleaves.org/meritocratie-un-mythe-utile-pour-qui-exactement/#respond Wed, 21 May 2025 17:25:17 +0000 http://courtofleaves.org/meritocratie-un-mythe-utile-pour-qui-exactement/ La méritocratie. Le mot claque bien, hein ? Ça sonne juste, presque noble. Travailler dur, être récompensé. Point. On imagine le gamin qui révise ses cours dans un HLM mal isolé, qui réussit son bac contre vents et marées, qui “monte”, qui “s’en sort”. Ça donne envie d’y croire.

Mais… est-ce que ça marche vraiment comme ça ? Franchement, j’ai des doutes. Et je suis pas le seul.

Travailler plus pour gagner plus ?

On nous vend depuis longtemps l’idée que “si tu veux, tu peux”. C’est partout. Dans les discours politiques, dans les pubs, même dans les conseils de développement perso sur YouTube. Mais si c’était vrai, comment expliquer que les enfants d’ouvriers ont quatre fois moins de chances d’accéder aux grandes écoles que les enfants de cadres ? (source : INSEE, données 2023)

Perso, ça me gratte. Parce que j’ai vu autour de moi des gens bosser comme des dingues. Faire des études, cumuler des petits boulots, saigner les concours. Et se faire doubler par d’autres, avec des prénoms plus « faciles à prononcer », des adresses plus « calmes », des stages trouvés via tonton à la Défense.

Alors je pose la question : à qui profite ce mythe ?

Un récit bien pratique

Dire que tout le monde a sa chance, c’est super rassurant. Mais surtout, ça permet de dire que ceux qui galèrent… ben, c’est peut-être qu’ils ont pas assez bossé. Qu’ils ont pas “mérité”. Et là, on glisse doucement vers un discours bien plus brutal.

Tu l’as sûrement déjà entendu : “il suffisait de traverser la rue”, “arrêtez de vous plaindre”, “moi j’ai travaillé pour en arriver là”. Mais ces phrases oublient un détail énorme : tout le monde ne part pas avec les mêmes cartes. Genre, vraiment pas.

Tu connais beaucoup de lycéens en zone rurale ou en banlieue qui font des stages chez LVMH ou dans des cabinets d’avocats ? Moi non plus.

Mais alors, pourquoi on y croit encore ?

Peut-être parce que ça fait du bien d’y croire. Ça motive. Ça donne l’impression qu’on peut contrôler notre destin. C’est comme une promesse : si tu fais ce qu’il faut, tu seras récompensé. C’est hyper séduisant. Et parfois, ça marche un peu. (Oui, y’a des exceptions. Et heureusement.)

Mais faut pas confondre exceptions et règle. La méritocratie, c’est comme le loto : ceux qui gagnent sont mis en avant partout, mais la majorité perd. Et on en parle moins.

Une illusion qui invisibilise les vrais obstacles

En fait, ce discours méritocratique, il écrase tout ce qui est structurel. Les discriminations raciales, les inégalités territoriales, l’accès au réseau, au capital culturel… Pouf, disparu. Comme si tout ça n’avait aucun impact. Tu te rends compte ? Ça revient à dire que si t’y arrives pas, c’est juste de ta faute.

C’est violent, en vrai.

Et puis, ça nous divise. Pendant qu’on se bat entre nous pour savoir qui “mérite” le plus, on oublie de regarder le haut de la pyramide. Ceux qui n’ont jamais eu besoin de mériter quoi que ce soit pour y être. Héritages, pistons, privilèges. Tout ça reste bien planqué sous le tapis.

Alors, utile pour qui ?

Ben voilà. On y revient. La méritocratie est surtout utile à ceux qui sont déjà en haut. Parce que ça légitime leur place. Ça leur permet de dire : “si j’y suis arrivé, c’est que je le mérite”. Et donc, pas besoin de partager, de redistribuer, ou de remettre quoi que ce soit en question.

C’est une belle histoire. Mais c’est pas la réalité de tout le monde.

Et si on racontait une autre histoire ?

Celle où on reconnaît que l’effort, c’est important… mais que les conditions de départ comptent tout autant. Celle où on parle de justice sociale, pas juste de mérite individuel. Celle où on arrête de culpabiliser ceux qui galèrent.

Parce qu’à force de croire au mythe, on finit par oublier les vraies questions. Et toi, t’en penses quoi ? Est-ce que t’as déjà ressenti cette pression du “si tu veux tu peux” ? Est-ce que t’y crois encore ?

Moi, je pense qu’il est temps d’en parler autrement.

]]>
http://courtofleaves.org/meritocratie-un-mythe-utile-pour-qui-exactement/feed/ 0