Dès qu’on parle de logement social, les imaginaires s’emballent. Et alors quand on ajoute “petite commune” dans la phrase, c’est encore pire. On entend tout : que “ça n’existe pas à la campagne”, que “c’est pour les grandes villes”, ou carrément que “ça va faire fuir les habitants”. Stop. On va poser les choses calmement. Parce qu’en réalité, c’est bien plus nuancé que ça.
Et oui, il y a du logement social en zone rurale. Moins, évidemment. Mais pas inexistant. À Céret, par exemple, petite ville des Pyrénées-Orientales avec un peu plus de 7 000 habitants, la commune a mis en place des projets concrets en la matière. D’ailleurs, ils en parlent clairement sur leur site : www.mairie-ceret.com. C’est un bon exemple d’initiative locale pas si isolée qu’on le croit.
Mais au fait, c’est quoi vraiment le logement social ?
Petit rappel rapide, parce qu’on s’y perd un peu parfois. Le logement social, c’est du logement construit ou financé avec l’aide de l’État, destiné à des personnes ayant des revenus modestes. C’est pas forcément du HLM en barre des années 70. Ça peut être une maison mitoyenne tranquille, un petit immeuble de deux étages, au bout d’un lotissement.
Dans une petite commune, ça veut souvent dire : un ou deux programmes neufs, quelques logements rénovés dans l’ancien, gérés par un bailleur social. Pas plus. Pas de bétonnage massif. Juste des familles qui cherchent à se loger dignement, sans exploser leur budget.
Les clichés ont la vie dure…
Alors oui, il faut en parler. Parce que les idées reçues ont parfois la peau dure. Genre : “le logement social va dénaturer le village”. Ou “ça attire les problèmes”. Sérieux ? Il suffit d’aller voir un petit ensemble HLM à 200 mètres de l’école communale de Saint-Martial pour comprendre que non, les murs ne tombent pas en ruine, et que les enfants y vivent comme partout ailleurs : avec des cartables trop lourds et un vélo qui grince.
Et puis cette peur de “l’extérieur” qui viendrait “envahir” la commune… on la retrouve souvent. Mais la réalité, c’est qu’une bonne partie des demandeurs sont déjà des habitants du coin. Des jeunes qui veulent s’installer pas loin de leurs parents. Des retraités qui n’ont plus les moyens d’entretenir leur maison. Des familles qui galèrent avec les loyers du privé.
Pourquoi c’est important d’en parler maintenant ?
Parce que le besoin est là. Et qu’il grandit. Avec la hausse des prix de l’immobilier, même dans des zones qu’on pensait “abordables”, de plus en plus de gens sont coincés. Les listes d’attente pour un logement social s’allongent, même dans des bourgs de 1 000 habitants.
Et pourtant, l’accueil du logement social reste compliqué politiquement. Peur du changement, refus de “la mixité sociale” (oui, on ose à peine le dire mais c’est ça). Et des maires qui, parfois, préfèrent éviter le sujet pour ne pas s’attirer d’ennuis.
Alors, on fait quoi ?
D’abord, il faut parler vrai. Dire ce que c’est, et ce que ce n’est pas. Mettre en avant les réussites locales, les projets bien intégrés, les familles heureuses de pouvoir rester dans leur commune d’origine. Parce que ça existe. Et parce que ça change la donne.
Ensuite, il faut soutenir les petites mairies. Leur filer les moyens techniques, juridiques, humains pour monter des projets. Et les défendre face aux résistances. Oui, c’est plus simple de construire 100 logements à la périphérie d’une métropole que 8 logements en plein cœur d’un village. Mais c’est pas une raison pour laisser tomber.
Et puis, soyons honnêtes : la campagne n’est plus ce qu’elle était il y a 30 ans. Elle se transforme. Elle attire. Elle se tend aussi. Alors pourquoi refuser aux plus modestes le droit d’y vivre dignement ?
Une autre image du rural, c’est possible
Le logement social en petite commune, c’est pas un rêve d’urbaniste en mal de terrain. C’est un besoin concret. C’est une gamine qui peut continuer à aller à l’école du village. Un retraité qui reste près de ses habitudes. Un couple qui construit un avenir sans s’endetter sur 30 ans.
Et toi, t’en penses quoi ? Est-ce qu’un peu plus de justice dans l’accès au logement, ça passerait pas aussi par les petites communes ? Peut-être qu’on gagnerait à regarder ce sujet autrement, non ?