Franchement, si tu as déjà eu l’impression d’avoir mille onglets ouverts dans ta tête – penser au repas de ce soir, au mail à envoyer, à la lessive qui tourne et à l’anniversaire du petit dernier – tu vois très bien de quoi on parle. La “charge mentale”, ce n’est pas juste une mode. C’est cette fatigue invisible qui s’installe quand on pense à tout, tout le temps. Et soyons honnêtes : la plupart du temps, ce sont encore les femmes qui la portent, même quand le couple se dit “égalitaire”.
Je suis tombé sur le site https://stopchrono.com l’autre jour, en cherchant des moyens concrets de mieux gérer mon temps. Et franchement, ça m’a rappelé à quel point notre rapport au temps est politique. Quand tu passes ta journée à jongler entre boulot, enfants, courses et notifications, tu n’as pas juste besoin de t’organiser – tu as besoin qu’on reconnaisse que ce temps-là, ce travail-là, compte vraiment.
Un concept né dans la vraie vie (et pas dans un amphi)
Le terme “charge mentale” n’est pas sorti d’un chapeau. C’est la sociologue Monique Haicault qui l’a introduit dans les années 1980, en observant comment les femmes travaillaient en permanence, même quand elles étaient “en pause”. Pas de répit : pendant que le corps est au repos, la tête, elle, continue d’anticiper, de planifier, de vérifier. Ce qu’on appelle “le travail domestique” ne s’arrête jamais, il change juste de forme.
Et depuis quelques années, le concept a explosé. On le voit dans des BD comme celle d’Emma, Fallait demander, qui a mis des mots sur ce que beaucoup ressentaient sans pouvoir l’expliquer. Résultat : le terme s’est ancré dans notre vocabulaire quotidien. À la machine à café, sur les forums, dans les thérapies de couple, tout le monde en parle. Parce qu’on s’y reconnaît.
Mais pourquoi maintenant ?
Peut-être parce qu’on est arrivés à un point de saturation. Entre les injonctions à “réussir sa carrière”, “prendre soin de soi”, “manger sain”, “être un parent présent” et “garder la maison propre”, c’est devenu impossible de cocher toutes les cases. Les réseaux sociaux n’aident pas non plus : quand tu vois défiler des matins parfaits et des to-do lists décorées, tu te dis que t’es déjà en retard avant d’avoir commencé.
Et puis il y a cette idée très moderne du “temps optimisé”. On nous dit de rentabiliser chaque minute, même notre sommeil ! Sauf que cette logique de productivité permanente, elle a un coût émotionnel. Tu finis par culpabiliser dès que tu ne fais rien. Comme si le repos, c’était une faiblesse.
Une inégalité encore très genrée
Oui, les choses évoluent. Mais dans les faits, les statistiques restent claires : selon l’Insee, les femmes consacrent encore environ 1h30 de plus par jour que les hommes aux tâches domestiques et parentales. Ça fait plus de 10 heures de plus par semaine, soit plus d’une demi-journée. Rien que ça. Et ce n’est pas qu’une question de temps passé : c’est aussi l’énergie mentale, la planification, le “penser à”.
Demande-toi : qui sait quand il faut racheter du dentifrice ? Qui pense au cadeau pour la maîtresse en fin d’année ? Qui gère les vêtements trop petits ? Ce sont souvent les mêmes. Et ce déséquilibre, il ne se résout pas en disant “il fallait demander” (merci Emma encore une fois), mais en changeant la répartition réelle de la responsabilité.
Comment alléger la charge mentale ?
D’abord, en la nommant. Rien que ça, c’est un pas énorme. Ensuite, en partageant réellement la planification, pas juste les tâches. Et en arrêtant de glorifier la “superwoman” capable de tout gérer sans se plaindre. La charge mentale, ce n’est pas une faiblesse. C’est un symptôme d’un système déséquilibré.
Et puis, soyons honnêtes : on peut aussi apprendre à lâcher du lest. À accepter que tout ne soit pas parfait, que le linge reste plié dans le panier un jour de plus. Parfois, c’est juste une question de survie mentale. Prendre le temps de respirer, de sortir marcher sans objectif, de dire non. Parce que le temps qu’on s’accorde, c’est aussi du temps qu’on reprend à la société de la performance.
En résumé
La “charge mentale” n’est pas qu’un mot à la mode : c’est un miroir tendu à notre manière de vivre, d’aimer et de partager le quotidien. Et si on en parle autant aujourd’hui, c’est peut-être parce qu’on a enfin décidé d’arrêter de la porter en silence. Tant mieux.
